Amsterdam - Dublin: étape celtique

Changement radical au programme. Je suis passé en moins de 24h des pistes d'Amsterdam aux collines du mur d'Hadrien! Un changement qui n'est pas sans conséquences sur la forme physique car cette étape de 500km comprends deux traversées maritimes, l'Ecosse, l'Irlande du Nord et l'Irlande en 5 jours.

Une étape physique

Sur une terrasse d'Amsterdam le vendredi à 20h et sur les collines du nord de l'Angleterre le samedi midi, le changement est brutal. Avec un temps magnifique et malgré le vent de face je passe une première journée idéale avec mon cousin Benjamin et Emilie, sa compagne. Ils sont tout droit venus de York pour me rejoindre le temps d'une journée. Cette première journée était aussi dure que belle, avec ces 1000 mètres de dénivelé positif, nous arrivons à 19h30 après 140km, rincés mais bien contents d'arriver!

Ce que je ne savais pas c'est que cette journée était le prologue de ce qui m'attendait pour les cinq jours suivants, avec le soleil en moins! En effet, dès le lendemain et les premiers pas en Ecosse, le relief ne se calme pas vraiment et je refais 700 mètres de dénivelé positif. Je dois pédaler fort le troisième jour pour attraper le ferry de 15h à Cairnryan: je vide les batteries mais j'y arrive à 13h sans problèmes. Les paysages de l'Ecosse s'enchainent et ressemblent de plus en plus à ce qui m'attend en Irlande: des collines, des moutons, des vaches et des averses entrecoupées d'éclaircies ou l'inverse, je ne sais plus!

Après une petite pause à Belfast pour visiter la ville avec Clément, mon hôte qui m'a accueilli chez lui après la traversée, je dois repartir vers le sud direction Dublin. Juste après un arrêt à un feu rouge à Belfast, la remorque a décidé de ne plus suivre le vélo! En plein trafic la pièce de liaison entre le vélo et le bras de la remorque casse. Heureusement que j'avais la pièce de rechange! 5 minutes de réparation pour une panne qui aurait pu avoir de lourdes conséquences mais ça va!

La traversée de l'Irlande du nord se fait pratiquement uniquement sur piste cyclable le long des canaux et chemins de halages. J'arrive donc le soir chez Paul, un paysan qui veut bien me prêter un petit hangar à tracteur pour y mettre ma tente. Il y a un point d'eau pour la vaisselle, je suis à l'abri du vent et je lui dis donc que c'est génial: il me regarde interloqué et me lance un "crazy people" avant de s'en aller à ses occupations. Il reviendra dans la soirée pour m'offrir un thé et me faire faire un tour en voiture afin de me montrer le chemin du lendemain. Il voulait absolument que je prenne l'autoroute avec mon vélo parce qu'elle "n'est pas si fréquentée que ça"... ahah, je lui dis qu'il était "crazy" mais il n'a pas vraiment apprécié!

Je repars donc le lendemain matin, tôt afin d'éviter la pluie annoncée pour l'après midi. C'était bien essayé mais j'arrive à Dublin trempé et fatigué de cette cadence vélo - bateaux - météo qui me fait prendre deux jours en auberge à Dublin pour récupérer.

Beaucoup d'émotions en Irlande

C'est évidemment une étape un peu particulière pour moi. Si je connais un peu l'Irlande de par mon expérience Erasmus à Maynooth (25km à l'ouest de Dublin), je n'avais pas eu l'occasion d'aller en Irlande du Nord. Je dois avouer que j'ai plus fréquenté l'aéroport Ryannair juste à coté de chez moi que de l'Irlande du nord durant mon année en Irlande... Je me suis donc rattrapé avec Clément et Adeline, une voyageuse française à vélo qui parcourt l'Europe dans le sens inverse du mien.

Belfast est une ville particulière, encore aujourd'hui un mur coupe la ville en deux. Même si les portes sont ouvertes le jour, elles se referment la nuit pour éviter les échauffourées. La police d'Irlande du nord donne également l'impression d'une ville continûment en siège. Le mur est devenu au fil du temps un moyen d'expression pour tous, on y trouve aussi bien des messages politiques locaux que des messages en faveur de la cause palestinienne, basque ou cubaine. Cette expression artistique vous prend la gorge. Plus que la représentation d'une séparation religieuse c'est aussi l'histoire de l'Irlande qui est peinte sur ces façades colorées. Grâce à Clément qui vit à Belfast depuis plus de 10 ans j'ai pris la mesure de cette situation que je n'avais vu qu'à travers des films jusqu'à présent, notamment "hunger".

Je suis reparti de Belfast heureux après de belles rencontres et une belle matinée de visite dans la vieille ville.

Encore de belles rencontres

Je n'avais pas encore quitté le continent que je rencontrais déjà des dizaines de motards. En attendant le bateau à Ijmuiden je me suis fait encerclé par des motards allemands, néerlandais et écossais qui partaient ou revenaient d'un petit tour sur leurs montures. Je n'ai jamais vu autant de motos d'un coup! Seul vélo parmi les grosses cylindrées on a pu comparer la taille de nos moteurs respectifs. J'ai perdu la bataille mais gagné des sandwichs, un œuf et un pin's écossais censé me protéger de la pluie.

Je rencontre sur le bateau Rooney, un écossais qui était pour la séparation avec l'Angleterre car la richesse produite par le pétrole et la pêche reviendraient aux écossais au lieu d'aller dans le reste du royaume... Une discussion très intéressante sur le vivre ensemble et la taille viable d'une communauté humaine.

J'ai eu également la chance de rencontrer Clément, Daniella et Adeline avec qui j'ai passé une belle soirée et matinée à Belfast. Je souhaite la meilleure route qui soit à Adeline, seule sur son vélo en partance pour l'Ecosse et qui la traversera avec ma carte.

Pour ma part, je suis sur la route de Londres, sans carte et sans ferries pour partir au Danemark. La compagnie ne démarre finalement sa saison cet été au lieu de Mai... Je vais devoir trouver un cargo, un freight ou quelqu'un qui veuille de mo et mon tank à bord... Affaire à suivre!

Du coté local:

Croke Park (ou Páirc an Chrócaigh pour les intimes).

Véritable temple de la culture irlandaise, il est le refuge sacrée des sport irlandais comme le hurling ou football gaelic. Ce stade, le 4ème plus gros d'Europe, est aussi le théatre de 1e Bloody sunday où les Anglais ont débarqué par le canal qui longe le stade et tiré sur la fpule en plein match. C'était le 21 novembre 1920 et les irlandais s'en rappellent encore. Lorsque le stade de rugby de Lansdowne road a été en rénovation, Croke park a accueilli pour la première fois de son histoire depuis 1920 un match de rugby, sport banni du stade car "anglophone". Le match entre l'Irlande et l'Angleterre en 2007 a d'ailleurs été l'occasion pour l'équipe irlandaise d'infliger la plus sévère défaite de l'équipe anglaise jamais enregistrée entre ces deux nations.

Pour vivre l'ambiance c'est ici:
https://www.youtube.com/watch?v=bCYSflQwc7o

Du coté européen :

Maynooth.

Maynooth est en effet la ville dans laquelle j'ai effectué mon année Erasmus en 2010-2011. Ce n'est pas vraiment représentatif de la culture européenne en Irlande mais ce retour à Maynooth est un peu un retour à la source de ce projet européen en vélo solaire. C'est ici que j'ai rencontré des allemands, espagnols, slovènes, français, polonais, néerlandais, tchèques, portugais... venus étudier dans la même université que moi. C'était formidable, j'ai été très ému de revenir ici 5 ans après mon premier passage. Et une chose n'a pas changé: la météo!