Sofia - Athènes: Changement d'Europe

Près de 900km ont séparé les deux capitales aux cultures bien différentes.  Partir de Sofia c'est quitter le dernier pays de l'ex bloc communiste et découvrir la Grèce c'est revenir aux sources de l'Europe...

Une semaine de vélo faite de bivouacs de rêves, de routes très tranquilles et de petits détours par-ci par-là pour profiter de la Grèce.

Cette étape  est dédiée à Horoquartz, entreprise européenne par excellence et principal partenaire du projet. Encore merci à eux pour leur soutien!

La méditerranée, récompense de tant d'efforts ?!

Après une journée de descente depuis Sofia et où j'ai eu une petite casse matérielle (la tige qui maintient le siège a lâché), je suis arrivé en Grèce dès le lendemain.

Il faut bien le dire, une fois  en Grèce, j'ai plus regardé à droite et à gauche que devant moi... La faute aux paysages escarpés entre mer et montagnes. Ce pays est un régal pour les yeux, même si c'est aussi une torture pour les jambes mais pas de panique le soleil rempli à fond les batteries et me permet d'apprécier encore plus ce pays.

En arrivant en Grèce, ma première réaction a été la surprise de voir combien  la vie avait cessé... Personne dans les rues, les magasins fermés, les routes désertes... Je n'en revenais pas et j'ai même eu un début de fringale car je n'avais pas fait le plein de nourriture en Bulgarie et je ne trouvais rien en Grèce. Heureusement que des figuiers longeaient ma route, je me suis précipité dessus à plusieurs reprises pour avoir ma dose de sucre.

Je mettais cette inactivité sur le dos de la crise et je ne pouvais pas y croire. C'est à ce point la crise en Grèce???  Nooooon, j'ai réalisé  à Thessalonique  en demandant aux gens que c'était le samedi 15 août et que c'était férié... La magie du voyage nous fait oublier la notion de temps et de date, pour le meilleur comme pour le pire... Rassurez-vous, je me suis aussi dit "quel couillon je suis!".  En attendant, cela ne résolvait pas le problème de la nourriture et j'ai du acheter une pizza et quelques cookies dans une station essence pour manger le soir en  bivouac au bord de la mer Egée. Un nouvel instant de bonheur dans ce voyage ou je vais de surprises en surprises.

La traversée de la Grèce en autonomie complète

Depuis le sud de Thessalonique la route a été relativement simple, même si j'ai été obligé de prendre à deux reprises l'autoroute sur une 10aine de km à chaque fois. Manque de chance, la deuxième fois je me suis fait arrêter par une patrouille de police qui n'était pas très heureuse de me voir rouler sur la bande d'arrêt d'urgence... Il m'ont passé un petit savon, et au moment où le premier me dit "Passeport! Penalty!" le second le reprend et me demande de sortir au plus vite de l'autoroute. Je lui réponds que je ne comptais de toutes manières pas m'éterniser ici et ils ont abandonné l'idée de me pénaliser sur la bande d'arrêt d'urgence , trop dangereux peut être...

La suite de la route a été des plus agréable même si les 38°C en plein soleil m'ont fait souffrir chaque après midi. La récompense du soir était à chaque fois la même: un robinet pour enlever le sel et refroidir le corps.

Après 5 jours sans véritable douche, j'arrive tout de même assez sale à Athènes mais j'ai un sourire pas possible à la vue de l'acropole! Honnêtement je ne l'avais pas vraiment imaginé au moment de la construction du projet, et la montée à l'acropole le lendemain m'a rempli de bonheur, un vrai pèlerinage sur plus de 2500 ans d'histoire européenne.

moins de rencontres pour plus d'autonomie

Vous l'aurez sans doute remarqué, je suis moins hébergé chez l'habitant ces temps-ci. Autant j'ai eu un karma incroyable entre l'Allemagne et la Croatie autant depuis la Hongrie, je dors beaucoup plus en bivouac. La météo n'est surement pas innocente à cela car je n'ai pas eu de pluie depuis Zagreb et je prends goût à poser la tente au premier endroit qui me semble correct pour passer la nuit. 

Pour autant je continue de discuter avec les gens que je croise sur la route. J'ai notamment rencontré Damian, serveur à Nea Agathoupoli où j'avais posé la tente à coté de la plage du village. Cet Albanais d'origine est venu en Grèce avant la crise pour travailler 13h par jour dans un restaurant (oui, oui, 13h: de  9h à 2h du matin).  Certes l'activité est saisonnière et lui permet de vivre l'hiver sur ses réserves mais il faut un certain courage pour enchaîner cela 7j/7 pendant 5 mois. D'une gentillesse incroyable, Damian me confie que la crise est dure pour tout le monde en Grèce, les clients grecs désertent les bars et restent chez eux. C'est vrai, j'étais quasiment le seul client du soir... Il estime toutefois que le pays a "touché le fond" et que ce ne pourrait être pire, ils devraient remonter la pente maintenant, du moins il l'espère.

Du coté local :

Les Evzones (gardes présidentiels).

Ils sont à eux seuls un résumé de la culture grecque. De leur uniforme où les 400 plis de leur jupe expriment les 400 années d'occupation ottomane à leur lente chorégraphie où rigueur et précision sont de mises.

Certes, les gardes sont une véritable attraction touristique aujourd'hui où il fait bon de s'amuser de leur lenteur mais la difficulté de leur prestation relève de l'exploit avec des bas de cotons, un béret en feutre bien chaud, des chaussures cloutées de 3kg la paire... Une belle preuve de ténacité et de résistance physique!

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Du coté européen :

Le parlement grec, place Syntagma.

La démocratie.

Sujet sensible aujourd'hui que la démocratie en Grèce...  C'est ici qu'elle serait née, et c'est depuis ce parlement que l'actualité européenne émerge quasi quotidiennement  depuis plusieurs mois.

Pendant le trajet on m'avait mis en garde pour le vol du vélo en Roumanie, mais aussi par rapport aux drapeaux européens en Grèce. Comme quoi je serai mal reçu parce que le projet serait "trop européen"...

Tous les grecs que j'ai rencontré jusqu'à présent m'ont parlé de leur attachement à l'Europe. Les drapeaux européens sur le vélo ou la remorque ne changent en rien la façon de m'aborder. La sympathie que créé le vélo est la même qu'ailleurs.

Ce qui se passe en Grèce actuellement est trop grave pour en parler sur quelques lignes.  La Grèce passe pour le mauvais élève européen, le boulet qui n'arrive pas à s'en sortir tout seul et les égoïsmes nationaux sont en train de l'emporter au détriment de la solidarité. 

Partout dans l'UE, les personnes que j'ai pu rencontrer se sentent loin des institutions européennes. Pourquoi a t-on l'impression que les décisions qui nous concernent pourtant au quotidien sont prises sur une autre planète? On a plus le sentiment de "subir" les décisions que d'en être à l'origine, c'est l'exact inverse de ce qu'ont inventé les grecs.

Pourquoi une telle fracture entre ceux qui élisent et ceux qui sont élus? Pourquoi et comment a t-on perdu cette cohésion sociale et cette interaction entre  électeurs et  élus, pourtant tous citoyens?  

Ne le nions pas, il y a un problème dans le fonctionnement démocratique en Europe.